Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/326

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ses dents, ses yeux, ses narines ; après quoi, il renchérit ou laisse passer. S’il laisse passer l’esclave rajuste son corsage écarté ; le crieur recommence sa marche et ses cris pour s’arrêter sur un autre signe et soumettre la pauvre esclave au contrôle d’un nouvel acheteur[1]. »

Après ces lignes émouvantes, M. Léo Quesnel publie le récit suivant, emprunté à l’ouvrage du docteur Marcel.

« Voici une petite fille d’une douzaine d’années. Elle est cotée 150 francs. Ses seins sont déjà formés ; on le constate à l’envi. Ici, une belle fille de vingt ans, une plantureuse mulâtresse, en costume de percale blanche rayée de bandes rouges, qui s’harmonise agréablement avec la teinte brune de sa peau. Le vendeur l’a parée tout exprès pour la faire valoir : c’est la belle pièce du marché. Peut-être si l’article est de bonne vente aujourd’hui, montera-t-elle à 300 francs ? Là, c’est une enfant de six à sept ans. Ses pieds sont-ils bien formés, ses muscles assez forts ? Elle ne vaut pas cher la pauvrette. Voilà une femme qui porte un enfant dans ses bras et en tire un autre après elle : l’expression de son visage est triste ; elle obéit docilement au crieur qui l’exhibe ; mais c’est

  1. Revue politique et littéraire ; Revue Bleue, 2e semestre, 188, p. 546-547.