Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/331

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La place était couverte d’esclaves en vente, attachés en longues files, hommes, femmes, enfants dans un désordre affreux, les uns avec des cordes, d’autres avec des chaînes. A quelques-uns, provenant du Manyéma, on avait percé les oreilles pour y passer la cordelette qui les retenait unis.

Dans les rues, on rencontrait à chaque pas des squelettes vivants se traînant péniblement à l’aide d’un bâton ; ils n’étaient plus enchaînés parce qu’ils ne pouvaient plus se sauver. La souffrance et les privations de toute sorte étaient peintes sur leurs visages décharnés et tout indiquait qu’ils se mouraient plus de faim que de maladie. Aux larges cicatrices qu’ils portaient sur le dos, en voyait de suite qu’ils avaient horriblement souffert des mauvais traitements de la part de leurs maîtres, qui, pour les faire marcher, ne leur avaient point épargné les coups de bâton ou de kourbache. D’autres, couchés dans les rues ou à côté du domicile de leur maître, privés de nourriture parce qu’on prévoyait leur mort prochaine^ attendaient la fin de leur misérable existence. Ce n’étaient peut-être pas les plus à plaindre !

C’est surtout du côté du Tanganyika, dans l’espace inculte couvert de hautes herbes qui