Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/351

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d’une esclave du Soudan ; d’ailleurs, je l’ai vue assez pour pouvoir affirmer que c’est une blanche. Sa lettre d’affranchissement, à ce qu’elle dit (car je n’ai pu le faire vérifier par une personne de confiance lisant l’arabe), porte une indication erronée, contre laquelle elle proteste avec énergie. Elle y serait nommée Khayra, fille d’Abdallah. Or, cette qualification est celle qu’on donne, soit par mépris, soit par euphémisme, aux personnes dont le père est inconnu (Abdallah signifie serviteur de Dieu) ou infidèle. « Mais, dit-elle, je suis née libre, de parents libres et musulmans, et c’est en violation de la loi musulmane elle-même que j’ai été réduite à l’esclavage. J’ai été enfermée dans la maison d’Aïcha-Baya du temps de son premier mari, le Grec renégat. Mon père s’appelait Amor et était d’origine marokaine ; il était venu s’établir à Zaghouan, où il exerçait, comme ses compatriotes, le métier de garde de récoltes. Ma mère se nommait Fatma et son père Boubaker, originaire du Fezzan. » Elle m’a montré son acte d’affranchissement, sur lequel le Consul de sa nation d’adoption, c’est-à-dire M. Sandwich, a écrit son nom ainsi : « Khéra bent Hadj Amor. »

« Tels sont les renseignements que j’ai pu recueillir. »