Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/352

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« Et cette lettre :

« Monsieur le Rédacteur en chef,

« J’ai été amenée toute jeune de mon pays natal à Tripoli de Barbarie et vendue à un notable de la ville, nommé Mohammed Etourki, écrivain, employé du gouvernement, qui demeurait dans la rue dite Zencal-El-Khokha (disait Zina Hawsawia dans une lettre au consul anglais). J’eus de lui un fils nommé Mohammed. Il avait un autre fils nommé Ali, écrivain comme lui. Mon maître mourut et son fils aîné, devenu chef de la famille, me maria, non plus en qualité d’esclave mais comme légalement affranchie par la mort de mon maître, dont j’avais eu un enfant, avec un soldat nommé Ali. Celui-ci m’amena à Tunis à l’époque où l’armée française était campée devant la ville. Il me logea pendant quelque temps chez un boucher, puis un beau jour, sous prétexte de me conduire chez ses parents qu’il m’avait dit habiter Tunis, il me fit entrer dans la maison Raouff, dont la porte se referma derrière moi pour sept ans.

« Votre protection ne suffirait pas pour me mettre à l’abri d’un nouvel enlèvement. Des négresses libérées sur votre requête, ont été enfermées de nouveau et réduites encore à l’esclavage. L’une des deux femmes qui étaient