Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/355

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étrange que l’administration française de Tunisie croie pouvoir impunément pousser le sans-gêne aussi loin. Voilà un fait monstrueux, que la presse révèle aux quatre coins du monde ; les journaux de tous les pays possibles s’étonnent dans toutes les langues, au point même de mettre en doute un fait aussi invraisemblable, que l’esclavage puisse encore exister à trente-six heures de Marseille, et le gouvernement franco-tunisien pense qu’il est suffisant, pour sauver sa responsabilité, de publier dans un journal officiel des menaces à l’encontre des propriétaires d’esclaves, dont il ne fait ainsi que reconnaître assez naïvement l’existence. Mais la meilleure façon, semble-t-il, d’effrayer ces marchands de chair humaine, c’eût été de faire un exemple au moyen du coupable que l’on tenait. Tout au contraire, il est parfaitement certain que la Résidence française de Tunis, ni après le 18 novembre, époque à laquelle elle a reçu la plainte d’une nommée Dadi au sujet des trois esclaves, ni depuis que le consul d’Angleterre en a exigé la mise en liberté, le 27 décembre, ni depuis qu’elles ont reçu leur patente de liberté, il y a deux semaines, n’a pris la peine de les faire interroger par le moindre de ses agents, pour savoir quels étaient leurs griefs, les craintes qu’elles peuvent avoir en