Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Cet affreux attentat n’est qu’un spécimen de tant d’autres que Livingstone a vu commettre. Comprend-on, après cela, de quelle haine les Arabes sont poursuivis dans ces contrées, naguère si tranquilles, et dont le morcellement accroît l’audace et les chances des ravisseurs.

« Partout, ajoute Stanley, les traitants ont fait de même ; si maintenant, de Bagamoyo[1] à Oudjidji, leur conduite est différente, c’est qu’ils ont été contraints d’en changer. Les tribus se rassurent ; à leur tour elles ont des mousquets et les représailles commencent. Beaucoup d’entre elles ont d’abord servi d’auxiliaires. Elles y gagnaient d’être à l’abri du rapt et d’étendre leurs conquêtes. Puis, une fois la domination établie, une fois le sol balayé des peuplades, dont le territoire, les biens, les personnes étaient l’objet des convoitises, les pourvoyeurs ont tourné leurs fusils contre les imprudents qui les leur avaient donnés. En dépit de leur escorte toujours plus nombreuse, les Arabes ne marchent plus sans crainte. A

  1. Bagamoyo, port de mer africain, en face de l’île de Zanzibar. Les missionnaires français y ont un établissement pour les esclaves libérés ou fugitifs. C’est de Bagamoyo que partent les caravanes et les explorateurs pour les régions des grands lacs. Oudjidji, ville et contrée sur la rive nord-est du lac Tanganyika.