Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/62

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Livingstone raconta à Stanley un fait horrible, qui s’était passe au bord de la rivière de Webb[1] :

« Ainsi que la plupart des Africains les Vouamanyémas ont pour le commerce un goût très vif ; le marchandage, qui chez nous révolte, est pour eux chose attrayante ; faire rabattre le prix d’un objet ou le maintenir, gagner une perle à cette lutte de parole est une joie qui les enivre. Les femmes surtout aiment ce jeu avec passion ; elles y excellent ; et comme elles sont d’autant plus jolies que le débat les anime, le marché attire beaucoup d’hommes.

« Ce fut au milieu d’une pareille scène, toute paisible, toute joyeuse, qu’un métis Arabe, du nom de Tagamoyo, fondit avec sa bande et fit tirer sur la foule. Au premier coup de feu, les pauvres gens se sauvèrent. Ils étaient là deux mille, courant à leurs canots et s’empêchant les uns les autres : la mousqueterie ne cessait pas. Beaucoup de malheureux sautèrent dans l’eau profonde, où les attendaient les crocodiles. Mais la plupart de ceux qui y périrent furent tués par les mousquets. Le docteur estime à quatre cents le nombre des morts : hommes, femmes et enfants. Celui des captifs ne fut pas moins considérable.

  1. Op. cit.