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« Tous les préparatifs terminés, on ouvre les portes du caveau et l’on y fait entrer huit abaïas[1], en compagnie de cinquante soldats. Danseuses et guerriers, munis d’une certaine quantité de provisions, sont chargés d’accompagner leur souverain dans le royaume des ombres, en d’autres termes, ils sont offerts en sacrifice vivant aux mânes du roi mort.

« Chose étrange ! il se trouve toujours un nombre suffisant de victimes volontaires des deux sexes, qui considèrent comme un honneur de s’immoler dans le charnier royal.

« Le caveau reste ouvert trois jours pour recevoir les pauvres fanatiques, puis le premier ministre recouvre le cercueil d’un drap de velours noir et partage avec les grands de la Cour et les abaïas survivantes les joyaux et les vêtements dont le nouveau roi a fait hommage à l’ombre de son prédécesseur. »

Lors des fêtes sanguinaires nommées les « Grandes Coutumes », on égorge à la fois des milliers de prisonniers qui doivent aller porter au roi défunt la nouvelle du couronnement de son successeur.

« Avec de l’argile pétri dans le sang des victimes, on forme un grand vase, de forme bi-

  1. Danseuses de la Cour.