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rénavant observées mieux que jamais. Chacun de ces malheureux reçut de la main du roi une bouteille de rhum, une filière de cauris,… puis fut immédiatement décapité.

« On apporta ensuite vingt-quatre mannes ou corbeilles, contenant chacune un homme vivant dont la tête seule passait au dehors. On les aligna un instant sous les yeux du roi, puis on les précipita, l’un après l’autre, du haut de la plateforme sur la place où la multitude, dansant, chantant, hurlant, se disputait cette aubaine comme en d’autres contrées les enfants se disputent les dragées de baptême. Tout Dahoméen assez favorisé pour saisir une victime et lui scier la tête pouvait aller l’échanger à l’instant même contre une filière de cauris (2 francs 50 environ) ; ce n’est que lorsque la dernière tête eut été décollée, et que deux piles sanglantes, l’une de tête, l’autre de troncs mutilés eurent été élevées aux deux bouts de la place, qu’il me fut permis de me retirer chez moi…

« … Pendant tout le jour suivant, on me fit parcourir les autres quartiers de la ville, qui tous avaient été les théâtres de semblables horreurs. Le 12 juillet, je commençai à respirer ; les plates-formes furent démolies et le programme des fêtes parut se restreindre à des chants, des danses, des décharges d’armes à