Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’un grand nombre de malheureux avaient été égorgés la nuit précédente. Le premier objet qui frappa mes yeux, sur ce théâtre d’horreur, fut le corps de M. Doherty, ancien esclave libéré et dernièrement ministre de l’Église anglicane à Ischagga. Il était crucifié contre le tronc d’un arbre gigantesque ; une fiche de fer traversait sa tête, une autre sa poitrine et de grands clous fixaient solidement à l’arbre ses pieds et ses mains. Par une amère ironie, son bras gauche était replié de manière à soutenir une large ombrelle de coton…

« De là, on me mena vers une haute plate-forme où trônait le roi… Vis-à-vis et dans toute la largeur de la place étaient alignées des rangées de têtes humaines, fraîches et saignantes, et tout le sol était saturé de sang. Ces têtes étaient celles d’un certain nombre de captifs provenant de la prise d’Ischagga et que l’on avait massacrés la nuit précédente, après avoir épuisé sur eux l’art diabolique des tortures… »

Un tremblement de terre ayant eu lieu, le roi l’interpréta comme un signe de mécontentement de son père et la tuerie continua. M. Euschart retrouva Bahadou sur la plate-forme :

« Le roi, dit-il, fit approcher trois chefs Ischaggans, spécialement chargés par lui d’apprendre à Ghézo que les Coutumes seraient do-