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sacrificateurs apportèrent un soin minutieux à mêler leur sang à celui des victimes humaines. »

Peut-être nos lecteurs nous accuseront-ils de rééditer des documents trop anciens et supposeront-ils que depuis 1862 il y a eu un changement notable dans les mœurs des Dahoméens ?

M. Bayol, lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud, arrivé à Marseille, le 20 mai dernier, après avoir été prisonnier des Dahoméens, a raconté l’horreur des sacrifices humains qui eurent lieu pendant son séjour chez le roi Gléglé.

Dans un seul sacrifice, on immola deux séries l’une de 84 malheureux, l’autre de 43.

Les tueries ont lieu en plein jour ; ce n’est que la nuit venue que les femmes et les enfants se livrent aux scènes effrayantes de l’égorgement avec une férocité inouïe. Les enfants s’emparent des têtes qu’ils font rouler comme des boules et les enterrent ensuite sous de petits tas de sable où on les laisse.

Les cadavres sont, le lendemain, jetés pêle-mêle dans des charniers et deviennent la proie des oiseaux sacrés.

M. Bayol fut invité à assister à cette boucherie, mais il fit comprendre combien ce spectacle lui serait insupportable, et il obtint de se faire représenter officiellement par deux fonc-