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nement et… le chemin de la côte pour attaquer les postes français : on sait comment il a été reçu. Le 20 février 1890, les Français prirent Kotonou.

Nous ne saurions trop recommander la lecture du journal de M. Gaudoin, l’un des prisonniers de Béhanzin.

Nous en extrayons ce qui suit :

« Le canon tonne, chants, cris, vociférations, tamtams, remplissent la ville de rumeurs et de bruits, et au matin on nous annonce que Sa Majesté Béhanzin Aïdjéré est dans les murs d’Allada. Cela va devenir sérieux, et nous allons enfin voir face à face ce souverain nègre dont toute l’Europe doit parler et que personne n’a vu de près.

« Nous sommes en plein dans le camp Dahoméen !

« Quinze mille hommes au moins sont devant nous, rangés en ordre de bataille devant leurs tentes en feuilles de palmier, immobiles, dans un silence si profond, qu’à cent mètres, dans notre prison, dans la cour même, séparés par un simple mur, nous n’en avions pas soupçonné l’existence.

« C’est vraiment un tableau d’une sublime horreur, et qui nous serre douloureusement le cœur. Quinze mille hommes, armés de fusils et de couteaux manchettes ! Il n’y a pas à dire,