Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 76 —

attitude est aussi disciplinée et aussi correcte, alignées comme eux au cordeau. Les chefs sont en serre-files, en tête de colonnes, reconnaissables à la richesse de leur chemisette, à leur air fier et résolu. Telles sont les amazones au repos sous les armes. Il y a loin, de cette discipline, de cet ordre, aux hordes sauvages et barbares que l’on s’imagine. Sa Majesté Béhanzin peut être tranquille, ces viragos ne le laisseront pas facilement enlever. Le triple cercle qu’elles forment est immense, sans un vide, sans un écart, sans un trou.

« Au delà est la foule, là-bas, dans l’éloignement, silencieuse et recueillie. »

À un signal, tout le monde se prosterne. Seuls les prisonniers sont debout, dominant 50.000 créatures humaines.

« Là-bas, à l’intérieur du triple cercle, sous un toit de chaume qui surmonte le trône, le roi est assis, entouré de ses femmes et de ses familiers.

« À notre tour, on nous fait incliner la tête et le cabécère Adavokou nous désigne au roi.

« L’éloignement est tel et l’obscurité commence à devenir si grande que nous ne pouvons l’apercevoir. Sa Majesté, paraît-il, nous adresse la parole. À sa voix, qui n’arrive pas jusqu’à nous, un murmure de terreur se répand dans l’immense plaine. Tout tremble et