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se tait. Notre interprète seul, sur un signe, nous traduit à voix basse les paroles sacrées. Le roi est très en colère et nous ordonne de rentrer dans notre prison et d’y attendre ses ordres. Immédiatement, nous sommes enlevés et reportés dans la case d’où nous sortons. En proie à une émotion indescriptible, nous nous demandons si ce que nous avons vu est bien vrai, et si nous ne sommes pas hallucinés.

« Mais voilà qu’on nous enlève tous nos liens ; le cabécère Zizi-Doqué, préposé à notre garde, nous annonce qu’on ne nous enchaînera plus, que nous sommes libres et que sans aucun doute demain le roi nous fera appeler pour l’annoncer publiquement. Décidément, nous n’y comprenons plus rien. Mais nous commençons à comprendre lorsque Zizi-Doqué ajoute :

« Une grosse nouvelle vient d’arriver à l’instant, tous les Français ont été tués, à Kotonou et à Porto-Novo, où ont eu lieu des batailles, quelques-uns seulement ont pu se sauver, mais en emmenant prisonnières les autorités noires de Kotonou, et maintenant ils tirent des coups de canon sur la plage toutes les fois qu’ils aperçoivent quelqu’un. Il faut que vous écriviez immédiatement une lettre au roi de France, le roi veut qu’on lui rende ses autorités et les hostilités cesseront immédiatement. Sa Majesté