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Béhanzin a reçu le P. Dorgère avec les plus grands honneurs, mais évidemment mal renseigné sur la force véritable d’une troupe européenne préférera peut-être la guerre.

La reprise des hostilités serait, dans ce cas, imminente. Les opérations ne recommenceraient cependant d’une manière vigoureuse qu’au mois de novembre.

L’intervention du R. P. Dorgère prouve que si l’on persécute les religieux dans la Mère-Patrie, on est bien aise de recourir à leurs services aux colonies, lorsqu’il s’agit surtout d’une démarche délicate et périlleuse auprès de quelque tyran sanguinaire. Voilà, ce nous semble, des titres exceptionnels qui méritent une récompense.

Schweinfurth s’exprime ainsi, au sujet des aventuriers Darfouriens ou du Kordofan qu’il rencontra entre le Héré ou Nyémane-Bahr-El-Vaou et le Ghedi Bahr-El-Djiour, affluents du Bahr El Ghazal (rivière des Gazelles), qui se jette dans le Nil Blanc (Bahr El Abiad) :

« De ceux-ci, en fait de mal on n’en dira jamais trop. Is prennent tous les masques, tous les prétextes pour faire leur révoltant métier : ils arriveront en qualité de fakis[1], c’est-à-dire de prêtres, et se livreront sans frein à leur

  1. Faki, pluriel fokara, prêtre musulman séculier du Kordofan.