Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Voyage bibliographique parle d’un Livre sur la chasse, qui avait été intentionnellement relié en peau de cerf ; d’une histoire de Jacques II par Fox, qui était recouverte en peau de renard (parce que fox en anglais signifie renard), et d’un Traité d’anatomie que le docteur Asken avait fait relier en peau humaine. »

Ce sont là des excentricités si l’on veut ; mais, à l’avouer franc, je les préfère aux pauvres banalités courantes, et je prise fort cet amateur anglais qui, apportant toute sa logique à assortir l’habillement à la chose habillée, avait fait graver un grand nombre de fers symboliques pour les diverses catégories de ses livres. Ces figures étaient poussées sur les plats et les dos de ses volumes, et, avant même qu’on les ouvrît, on connaissait l’esprit de ses ouvrages. Il avait réservé un caducée pour les œuvres des orateurs, un trident et des aplastres pour les livres concernant la marine et la navigation ; un hibou, image de l’oiseau cher à Minerve, était estampé sur les écrits des philosophes ; sur les œuvres théâtrales, il frappait les deux masques, tragique et comique ; un serpent enroulé autour d’une baguette servait de vignette aux productions de la médecine, le bonnet phrygien décorait les écrits révolutionnaires, une lyre revenait aux poètes, un oiseau aux romanciers ; quelques pièces d’écus brillaient sur le flanc des livres de finance.

Il y a ici plus de bon sens que de folie, car la