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les présences invisibles

supporter la vie, car vous vivrez dans la communion des saints.

Ton souvenir aimé brillera sur ma vie,
Comme un phare éclatant luit au loin sur les flots
Quand au milieu des nuits, sur la mer en furie,
Il annonce la terre aux tremblants matelots[1].

Vous serez comme le navigateur que beaucoup de vagues, d’écueils, de tempêtes peut-être, séparent encore du port souhaité, mais qui en aperçoit les lumières lointaines et qui en a le cœur illuminé. Déjà par moments il respire dans le vent le parfum de la rive, et il songe à ceux qui l’y attendent à l’abri des naufrages. Ceux-là ne sont-ils pas les vrais vivants ?

Tes yeux sont aveuglés par l’ombre d’ici-bas,
Tu n’es pas seul dans cet exil où tu combats :
Ne pleure pas sur ceux qui te restent fidèles.

Ainsi qu’ils ont vaincu, tu vaincras demain, mais
Ne dis pas qu’ils sont morts, qu’en vain tu les appelles :
C’est, toi qui meurs, c’est eux qui vivent à jamais.

Et pourquoi ne nous tiendraient-ils pas com-

  1. Louisa de Wegmann morte à seize ans en 1846.