Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/214

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foi peut trouver dans ce couplet quelques rapports aux circonstances actuelles ? Je demande que les magistrats du peuple veillent à ce que nous n’ayons rien à craindre des menaces de quelques-uns de ces particuliers qui, après le spectacle, sont montés sur le théâtre, cherchant ceux à qui ils en voulaient, et sont sortis en promettant de faire un hôpital de ce théâtre. Juste ciel ! verrions-nous se renouveler les scènes sanglantes des 2 et 3 septembre, et les spectacles seraient-ils sur la liste des proscriptions ? J’attends de votre justice que vous voudrez bien, ou charger le département de la police de vérifier l’exemplaire Signé que je dépose sur le bureau, ou nommer des commissaires à cet effet. »

Après la lecture de cette lettre, un membre de la Commune déclara qu’il ne voyait, quant aux allusions, aucune analogie entre Antoinette (c’est ainsi qu’on nommait la reine) et la chaste Suzanne ; un autre traita de faussetés un grand nombre des faits articulés dans la lettre ; d’autres demandèrent que la lettre et la pièce fussent renvoyées à leurs auteurs. Enfin, après une longue discussion, la Commune prit l’arrêté suivant :

« Le conseil général charge le comité de police de surveiller la représentation de cette pièce, afin qu’elle n’occasionne aucun trouble, et d’empêcher qu’elle ne pervertisse l’opinion publique ; passe à l’ordre du jour sur l’adresse du citoyen Delpêche, attendu qu’elle ne peut inspirer que le mépris, et cependant ordonne qu’elle restera déposée, ainsi que l’exemplaire de la Chaste Suzanne, au secrétariat, pour y avoir recours s’il y a lieu. »