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C’était une menace de proscription, et la proscription, alors, c’était l’échafaud. Le théâtre et les auteurs se tinrent pour avertis. La Chaste Suzanne ne reparut que le dimanche 17 février, avec les changements, disait l’affiche, demandés par les défenseurs de la république, et elle fut jouée encore onze fois du 17 février au 27 mars, clôture de l’année théâtrale.

Barré, Radet et Desfontaines furent emprisonnés ; ils recouvrèrent difficilement leur liberté. La Chaste Suzanne fut représentée encore à la réouverture, qui eut lieu le 31 mars ; mais bientôt un décret de la Convention, des 2-3 août 1793, coupa court à toute velléité d’opposition. Il portait « que tout théâtre sur lequel seraient représentées des pièces tendant à dépraver l’esprit public et à réveiller la honteuse superstition de la royauté, serait fermé, et les directeurs arrêtés et punis selon la rigueur des lois. »

Un autre décret, rendu onze jours plus tard, le 14 août, « autorisait les conseils des communes à diriger les spectacles et à y faire représenter les pièces les plus propres à former l’esprit public et à développer l’énergie républicaine. »

Le 2 thermidor an ii (20 juillet 1794), huit jours avant la chute de Robespierre, on joua un vaudeville de M. Després, intitulé l’Alarmiste. On y applaudit le couplet suivant :


Tel répand des bruits infidèles,
Qui bien souvent en est l’auteur :
Le fabricateur de nouvelles
Est pareil au faux monnayeur :