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par M. Royer-Collard et par ses amis ; il fallait aussi que ce mémoire et ses conclusions fussent développés et appuyés à Gand. M. Guizot, désigné par son âge, fut chargé de cette importante et périlleuse mission ; fort au courant des intentions et des sentiments des royalistes constitutionnels, il était homme à tenir tête, par sa parole, aux royalistes ardents et passionnés qui entouraient le roi Louis XVIII.

M. Guizot partit vers la fin du mois de mai 1814 ; il se présenta chez le roi peu de jours avant le commencement des hostilités, qui devaient avoir pour dénomment le désastre de Waterloo. Ce ne fut pas sans peine que M. Guizot put être admis auprès de Louis XVIII : les conseillers intimes de ce prince n’ignoraient point l’objet de la mission que venait remplir M. Guizot, et cette mission les inquiétait. L’envoyé du parti constitutionnel trouva, non chez le roi, mais auprès du roi, une résistance qu’il lui fallut vaincre. Il y parvint.

Le roi reçut le mémoire qui lui était adressé, et dans deux longues conférences, qui durèrent plusieurs heures, il en discuta les conclusions avec M. Guizot. Cette mission de M. Guizot eut un plein succès : les trois points demandés par le comité furent accordés. Lorsque Louis XVIII rentra en France, il tint fidèlement les promesses qu’il avait faites.

M. Guizot dut rester à Gand jusqu’à la chute de l’empereur. Il y trouva toutes les nuances du parti royaliste qui existaient en France avant le retour de l’ile d’Elbe moins le parti royaliste constitutionnel, dont M. Royer-Collard était l’expression la plus élevée.