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recherches, la Faculté de Paris possède un musée d’anatomie pathologique qui porte le nom de son créateur, le grand nom chirurgical de Dupuytren, et qui rivalise avec le célèbre musée de limiter, à Londres.

Nous possédons en France un riche musée de sculpture et de peinture, qui témoigne du génie, de la puissance et de la fécondité de l’intelligence humaine ; Dupuytren a élevé un musée qui témoigne des douloureuses misères du genre humain, et des efforts si souvent heureux de ce grand esprit pour les soulager.

Les funérailles de Dupuytren furent dignes et solennelles. Tous les savants de nos écoles, de nos académies, toute la jeunesse des amphithéâtres et des hôpitaux, une foule immense d’hommes du peuple, accompagnèrent les restes du chirurgien de l’Hôtel-Dieu jusqu’à sa dernière demeure.

Le chirurgien Lisfranc fut l’ennemi et la caricature de Dupuytren. Il était d’une grande taille et d’une grande force musculaire : « Je suis fort, disait-il ; mais j’ai un principe qui double ma force : quand je me bats, je n’ai pas peur de faire mal. » Il poursuivait de ses injures, dans ses leçons d’enseignement, tous les professeurs de l’École de médecine qui avaient refusé de l’admettre parmi eux. « Dupuytren, c’était la grenouille du bord de l’eau. — Ces coch… de l’École de médecine me reprochent d’être mal élevé ; qu’on me f… dans un salon avec eux, et on jugera. » — Lisfranc publia quelques bons travaux sur la médecine opératoire. Il mourut encore jeune d’une fièvre typhoïde. Il disait avec raison : « Les médecins meurent de faim ou de fatigue. »