Page:Va toujours.djvu/34

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— Qu’est devenu mon soldat ? Ahl le voilà applati contre le mur. Allons Charles, arrives, tu es trempé comme un bouteillon de soupe, vite, ici, brigadier.

Le jardinier obéit, il faisait un ruisseau autour de lui. L’aubergiste lui tendit une serviette :

— Essuyez votre figure.

Timide : l’homme restait près de la porte, n’osant avancer. Un éclair accompagné d’un coup de tonnerre formidable, fit trembler la maison. Les deux soeurs firent le signe de croix. Ce fut le dernier éclat, on ne perçut plus que de faibles grondements, seulement la pluie continuait, la route était un torrent.

— Comment nous en aller ? fit Agathe inquiète.

— Nous allons vous reconduire, Mesdemoiselles, riposta le Général. Cette averse ne peut durer longtemps. Madame l’aubergiste, si vous aviez un équipage quelconque, fut-ce une maringotte.

— Hélas ! Monsieur, je n’ai rien. Si ces dames voulaient coucher ici. J’ai une grande chambre là-haut. Il y a quatre lits... dont deux seulement sont occupés par des voyageurs, des gens bien comme il faut, venus pour la foire de l’Angevine.

— Merci, ma bonne femme, refusa Semtel, n’y a-t-il pas un loueur de fiacres dans le quartier ?

— Non Monsieur, il y en a qu’un en ville et il habite place Saint-Lô.

Charles Chat eut une idée, il s’approcha du général :

— Peut-être que si ces dames acceptaient de s’asseoir dans ma brouette...

Clotilde éclata de rire :

— Une belle intention, mon brave, mais nous sommes capables de marcher dans l’eau, d’ailleurs le ciel s’éclaircit.

— Alors, dit le jardinier, je rentre vite, notre Supéiieure serait inquiète. Mon général, je suis bien content de vous avoir retrouvé. Il saluait militairement. Son regard reconnaissant s’arrêta sur René Semtel, il était heureux, il était réhabilité.