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VA TOUJOURS

PAR

GOURAUD d’ABLANCOURT


PREMIERE PARTIE

I

LE VOLEUR DE GRANDS CHEMINS


Nous sommes en 1833, l’Empire refleurit en vertu de la précession des Cycles.

Monsieur René Semtel rnarchant d’un bon pas élastique et souple, suit le chemin de la Meignane à Angers. Il rentre à pied de sa campagne, située à trois lieues de la ville. Il a un peu plus de soixante ans, mais robuste, grand, solide, il n’a gardé des guerres de toute sa jeunesse que des marques nombreuses sur un corps vigoureux, aguerri. Il marche gaiement, comme un homme qui aime la vie. Ses yeux bruns, clairs, lumineux, francs, sont le miroir d’une âme bien trempée, droite, énergique. Ses cheveux châtains, épais, à peine semés de gris, cachent une cicatrice dont la fin reste visible au-dessus du sourcil gauche. Il tient d’une main, un petit panier rempli de belles pêches jaunes de septembre, de l’autre un bâton. Son chien Azor, le suit pas à pas. De chaque côté de la route étroite se dressent les bois d’Avrillé que l’automne marque de nuances rousses. Ils sont le refuge des mauvais gars de la ville dont la rencontre n’est pas agréable. Vagabonds, ivrognes, paresseux sans travail, s’y cachent. Les voyageurs le savent et s’aventurent peu seuls dans ces parages mal famés. À droite de la route, se trouve l’ancienne abbaye de Saint-Nicolas : La Haie aux bonshommes, où