Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/126

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Il les aimait ; mais aujourd’hui que l’or
D’un beau vernis a décoré son sort,
Avec dédain son orgueil les aborde,
Le dur mépris pèse ce qu’il accorde.
De protégé devenu protecteur,
Il ne sourit qu’au plus adulateur :
Au milieu d’eux le fat est dans son centre,
Génie étroit, jargon lourd, large ventre :
Voilà ses droits, ses titres, ses vertus.
Allez, grand-croix de l’ordre de Plutus,
Percez, suivez votre riche carrière ;
On vous verra rentrer dans la poussière
Qui sous nos yeux vous servit de berceau,
Avant que j’aille arborer le drapeau
Sous qui se range, en trahissant l’estime.
Un malheureux que l’infortune opprime,
Et qui forcé de feindre jusque-là
En est puni par la honte qu’il a.
Ne pense pas, toi que j’aime entre mille,
Que ce discours soit dicté par la bile.
Non, ce portrait est bien citation,
Eh ! plût aux dieux qu’il devînt fiction,
Et qu’en son cœur chacun à ton exemple,
À l’amitié sût élever un temple !
Alors, content, l’encensoir à la main,
On me verrait chérir le genre humain.