Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/160

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Étonné suis, qu’au comble de vos vœux
Me pressiez tant de protéger vos feux.
Sachez, beau fils, qu’auprès de jeune femme
Un confident, s’il voit gâteau, l’entame,
Et qu’à vos frais on peut le rendre heureux
Plus dune fois.


Fiction cessante, assure-toi qu’on a bien reçu tes faveurs : ne l’avise pas d’accorder les dernières ; c’est un moyen sûr de ne point donner entrée aux dégoûts. On est surpris comment tu peux faire une dépense si grande en compliments et à si grand marché ; mais tu te sauves sur la quantité.

Tous ceux qui te connaissent ici m’ont chargé de leurs amitiés pour toi ; sois sûr de celle de…

Si M. de… est curieux des respects de ce pays, présente-lui les miens. Madame de… t’embrasse ou peu s’en faut.


III

FRAGMENT D’UNE LETTRE ÉCRITE PAR L’AUTEUR À UN DE SES AMIS À PARIS.

Dans un appartement se tenait une assemblée où la conversation était à la torture ; j’entrai donc dans ce séjour d’ennui. Un jeune homme y suspendait l’attention de toute la compagnie par le récit qu’il faisait d’un voyage de Laon à Dieppe ; je me joignis aux autres pour l’écouter ; mais comme les particularités de ce voyage paraissaient peu flatteuses, il jugea à propos de lui donner un petit lustre de mensonge ; mais le pauvre gardon, au lieu d’aller en Normandie, prenait totalement le chemin de Bétanie. « — J’ai vu, dit-il en riant d’avance, des poulets d’Inde gros comme