Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/38

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« Pas vrai, Jean-Louis ?… — Réponds-donc ?
« Pas vrai qu’au lieur… — Oui, t’as raison ;
« Mais varse-nous toujours t’a boire,
« Eh ! vrament ma commère voire,
« Hé ! vrament ma… — Varse tout plein,
« Il semble que tu nous le plain…
« — Moi ! mon guieu non, ben du contraire ;
« C’est que tu zhausses en haut ton verre…
« — J’ai tort. Avons-je du vin ? — Non.
« — Parlez donc, monsieux le garçon,
« Apportez du pivois, hé vite !

Aussitôt la parole dite,
On renouvelle l’abreuvoir ;
C’est alors qu’il faisait beau voir
Cette troupe heureuse et rustique,
S’égayer dans un choc bachique.
Vous courtisans, vous grands seigneurs,
Avec tous vos biens, vos honneurs.
Dans vos fêtes je vous défie,
De mener plus joyeuse vie.
Vos plaisirs vains et préparés
Peuvent-ils être comparés
À ceux dont mes héros s’enivrent ?
Sans soins, sans remords, ils s’y livrent ;
Mais vous, prétendus délicats,
Dans vos magnifiques repas,
Esclaves de la complaisance,
Et gênés au sein de l’aisance,
Prétendez-vous savoir jouir ?
Non ; vous ne savez qu’éblouir.