Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/386

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La comtesse

D’obéir à sa mère. Ah ! Je n’ai qu’à le voir.
Chevalier, tenez bon ; que votre complaisance
N’aille pas sur le sort emporter la balance.
Suivez le vôtre, enfin, puisqu’on vous l’a prédit ;
Les devins savent tout, je vous l’ai déjà dit.
Moi-même, sans pourtant être bien curieuse,
J’ai su tout d’une femme à mon gré merveilleuse ;
Dont presque tout Paris fut très-longtemps coiffé ;
On lisait son destin dans du marc de café.
À l’article frappant des tendres anecdotes,
Les plus prudes souvent devenaient les plus sottes ;
Les unes par dépit, les autres par regret :
Mais la femme et l’amour étant seuls du secret,
On prenait aisément son parti sur le reste.

Le chevalier

Ma curiosité ne peut m’être funeste,
Puisqu’on m’a présagé les plus heureux liens.

La comtesse

On peut être crédule ainsi que les anciens.

Frontin

 
Ah ! Si les anciens croyaient aux balivernes,
Ce goût n’a pas gagné la plupart des modernes,
Qui, quoique leurs travers soient partout attestés,
Ne daignent seulement pas croire aux vérités.
Les fous ne veulent pas, encor que l’on leur prouve,
Convenir qu’ils le sont.

La comtesse

Convenir qu’ils le sont. Mais, mon ami, je trouve
Que tu prends avec nous un ton bien familier.