Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/390

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La marquise, ironiquement.

On ne peut que louer un si beau commentaire.
Mais, répondez, mon fils, que dira Dorimont ?
Le croyez vous d’humeur à souffrir un affront ?
Et vous-même, ma sœur, me proposez sa fille,
Alliance honorable, en qui la vertu brille.
Julie et Dorimont, ici reçus tous deux,
Y restent à dessein de combler tous ses vœux :
Et Monsieur n’écoutant qu’une humeur fantastique,
Est épris, sans le voir, d’un objet chimérique !

La comtesse

Quand je vous proposai cet hymen, j’ignorais
Les raisons d’un refus qu’en tel cas je ferais,
Vu la prédiction.

La marquise

Vu la prédiction. Admirable scrupule !

La comtesse

Mais ce devin habile…

La marquise

Mais ce devin habile… Est aussi ridicule.
Que les sots qu’il attrape, et l’on devrait punir
Tous ceux qui font métier de percer l’avenir,
Et la crédulité de ceux qui les font vivre
En payant leurs erreurs. Le destin est un livre
Impénétrable à tous, des sages respecté,
Et qui ne s’ouvre enfin qu’à la Divinité.
Entreprendre d’y lire, envers elle est un crime.
Dont le plus curieux est toujours la victime.
Avec des sentiments, de l’esprit, un bon cœur,
Sans consulter le sort, on peut croire au bonheur.
Mon fils, vous persistez, c’en est donc fait ?