Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/391

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Le chevalier

Mon fils, vous persistez, c’en est donc fait ? Ma mère,
Malgré tout mon respect, je crains de vous déplaire.
Je fuis bien malheureux ! Au nom de vos bienfaits,
Ne gênez point mon goût. Les efforts que j’ai faits
N’ont pu déterminer mon penchant pour Julie.
Je l’estime beaucoup. Hélas ! Sans ma folie,
Peut-être que l’Amour eût fixé mon repos ;
Peut-être l’aimerais-je.

La marquise

Peut-être l’aimerais-je. Une autre, à ce propos ;
Prendrait un parti vif : mais toujours bonne et tendre,
Ne pouvant vous guérir, je veux bien vous apprendre
Que depuis plusieurs mois, par mon ordre, en secret,
Un homme s’est chargé d’amener un objet
Du Canada.

Le chevalier, transporté.

Du Canada. Souffrez que mon cœur… Mais, ma Mère,
Quand verrai-je ?…

La marquise

Quand verrai-je ?… Je crois que vous n’attendrez guère.

Le chevalier, avec impatience.

Quand ?

La marquise

Quand ? Bientôt, à juger par le temps du départ
De celui que mes soins ont choisi.

La comtesse

De celui que mes soins ont choisi. Pour ma part,
Je vous en sais bon gré.