Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/66

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Pour qu’il soit plutôt fait je la paye d’avance.
Elle aussitôt détache une botte de fleurs.
Dieu sait avec quelle élégance
Elle assortit leurs diverses couleurs !
De feuilles d’orangers galamment décorées,
Pour en faire un bouquet il lui manque un lien :
Comme elle l’achevait, ne s’attendant à rien ;
Ne voilà-t-il pas les jurées
Qui viennent tout à coup saisir son pauvre bien !
Elles sautent sur l’inventaire (sic)
S’emparent des bouquets sans oublier le mien.
Ma marchande se désespère,
Et ne voyant aucun moyen
Pour accommoder cette affaire.
D’un coup de pied en jette une par terre,
Bat les deux autres comme un chien,
Puis s’en fuit ne pouvant mieux faire.
Quel scandale pour moi ! je crois que la colère
Fait oublier qu’on est chrétien !
De leur frayeur ces trois dames remises
S’en vont pestant d’avoir reçu des coups,
Je les arrête et je leur dis : — tout doux !
Dans les fleurs que vous avez prises
Je réclame un bouquet que j’ai payé… — Qui ? vous ?
— Oui moi ; tâchez de me le rendre.
Monsieu l’a dit, on l’y rendra :
Qu’il est gentil — Y s’fâche ! — Y rira :
Sa bouche commence à s’fendre ;
Ce s’rait ben dommage de l’pendre
Car il paraît qu’il grandira.
— Vous m’insultez, leur dis-je, et je vais vous apprendre