Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/83

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naître, et ça m’a fait plaisir d’apprendre de vos nouvelles, Pour à l’égard d’vote politesse, j’ai trouvé du contraire dans la vérité que j’aie vote cœur, à cause qu’on n’a pas le bien d’autrui sans qu’on le donne ; ça fait connaître qu’une fille d’honneur ne prend rien, par ainsi j’nai pas vote cœur ; et puis tous les ceux qui disont ça pour rire n’allont pas le dire à Rome, car les Garçons du jour d’aujourd’hui savont si bien emboiser les filles, que je devrions en être soûles ; c’est pourquoi j’vous prie d’brûler ste Lettre, dont j’suis aveuc respect,

Monsieux,
Votre très-humbe servante Nanette Dubut.

Maneselle,

En verté d’Dieu, vote doutance fait tort à un Garçon comme moi, dont la façon que je pense naïbelmeut est aussi ben du vrai, comme vous avez d’lhonneur ; si j’navais pas d’lamiquié envers vous, est-ce que j’songerais tant-seulement à vote parsonne ? Allez, Maneselle, quoique je n’soyons qu’un Guernouyeux, j’ons peut-être plus d’inspériance dans la vérité qu’non pas un habile homme ; votre darnière Lettre est gentille à manger, par où je m’doute qu’vous avez encore plus d’esprit que de mérite ; marque de ça c’est que j’vous envoye une paire d’anguilles, aveuc trois brochets que j’ons pêchés à ce matin, comme par exprès pour vous, j’voudrais qu’ils fussiont d’argent massif, ça sautrait encore ben plus aux yeux, et ça vous frait mieux voir que