Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/85

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j’voudrais avoir les chiens de poissons dans l’ventre ; parguié j’ai ben du guignon ! Ah, Maneselle Nanette, ne me jouez pas l’tour de ne plus avoir affaire à moi, car j’aimerais quasi me voir à la mort de mes jours que d’voir de mes yeux vos bonnes grâces pour moi à l’extermité de leur fin, et que de ne pas augmenter l’amour dont le bon motif est en verté comme,

Votre, etc.

Maneselle,

Vla deux jours que je n’dors pas, dont le chagrin me rend triste de plus en plus, sans qu’vous répondiez à ma Lettre stella d’avant stelle-ci. Queu malheur ! foi d’honnête garçon ça m’désole ; j’ai faim et j’nai pas l’courage d’manger ; ma mère croit que j’vais d’venir enragé ; tout le monde rit, et moi j’pleure comme un S. Pierre ; il fait beau tems, j’prens ça pour d’la pluie, tout m’semble à l’arbour, et tout ça à cause de vous. Tenez, Maneselle Nanette, je vous le dis, si par hazard je ne touche pas de vos nouvelles après qu’vous aurez lu ce qu’vous allez lire, j’fais une vente de tout mon vaillant, et je m’en vas trouver un Prêtre d’note Parroisse, j’ly donne tout mon argent à celle fin qu’il prie Dieu qu’il vous consarve, et puis j’men reviens sur la gueule de mon bacheau, et craque dans l’eau la tête devant, les poissons qui seront la cause de ma mort, mangeront pour leur peine,

Votre, etc.