Page:Valéry - Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1919.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

combiné et ne faisait plus que lire dans son esprit. Le secret — celui de Léonard comme celui de Bonaparte, comme celui que possède une fois la plus haute intelligence — est et ne peut être que dans les relations qu’ils trouvèrent — qu’ils furent forcés de trouver — entre des choses dont nous échappe la loi de continuité. Il est certain qu’au moment décisif, ils n’avaient plus qu’à effectuer des actes définis. L’affaire suprême, celle que le monde regarde, n’était plus qu’une chose simple — comme comparer deux longueurs.

Ce point de vue rend perceptible l’unité de méthode qui nous occupe. Dans ce milieu, elle est native, élémentaire. Elle en est la vie même et la définition. Et quand des penseurs aussi puissants que celui auquel je songe le long de ces lignes retirent de cette propriété ses ressources implicites, ils ont le droit d’écrire dans un moment plus conscient et plus clair : Facil cosa é farsi universale ! Il est aisé de se rendre universel ! Ils peuvent, une minute, admirer le prodigieux instrument qu’ils sont — quittes à nier instantanément un prodige.

Mais cette clarté finale ne s’éveille qu’après de longs errements, d’indispensables idolâtries. La conscience des opérations de la pensée, qui est la