Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeunesse bourrée de douleurs, mais aussi bourrée d’espérances !


La première réunion a lieu ce soir.

J’essaie de préparer ma harangue… Ah ! bien oui ! Il me faudrait des heures et des heures ! Je me contente de tracer, pour toute la campagne, deux ou trois grandes lignes, comme des cordes de piste, en semant des idées, comme les cailloux du Petit-Poucet. Je suivrai ces lignes-là et je ramasserai ces cailloux sur mon passage, lorsque j’irai vers l’ogre.

Tout au moins aurais-je besoin d’une escorte de dévoués ! Mais Passedouet et les hommes de Juin ne sont plus là. Ils sont repartis dès que j’ai eu accepté le danger, repartis dans leurs quartiers, à la recherche d’autres Vingtras.

Personne — par un hasard barbare — n’est de la circonscription où l’on m’a dit d’aller me faire tuer, comme Napoléon ordonnait à ses lieutenants de se camper en travers d’un pont et d’y mourir. Et je viens de me mettre en chemin, tout seul, pour la salle du club, sur une banquette d’impériale.


J’entends, sur cet omnibus, encenser le mérite de celui que je vais combattre.

— Oh ! celui-là arrivera haut la main ! Il battra Lachaud comme plâtre.

— Il n’a pas d’autre concurrent ?