Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/140

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croupion d’oie de Noël — il me reconnaît, et vient à moi en avançant ses doigts grassouillets et moites.

— Mon ancien et cher concurrent…

J’ai mis les mains derrière mon dos et me suis reculé, laissant à d’autres le soin d’interroger le personnage.

Comme Ferry, il répond je ne sais quoi — que lui aussi sera au rendez-vous, si tel est l’avis de son groupe.


Dans l’escalier, on discute mon refus d’accolade.

Millière s’irrite, invoque son titre de doyen, m’accuse d’avoir été égoïstement blessant, et déclare qu’il n’entend pas que l’on trouble, par de pareils incidents, les visites nouvelles.

Il va aller chez M. Thiers « mais il sera respectueux », ajoute-t-il en me regardant.

— Soyez ce que vous voudrez ! moi, je garde la liberté de ne pas chatouiller la paume à l’ennemi !


— Vous avez bien fait ! disent tous les jeunes.

J’ai fait ce qui m’a plu. Je ne reconnais à personne, pas même à un ancien, le droit de discipliner mes poignées de main.


Mais impossible de refuser la patte au gros réjoui à favoris d’acajou, au large bedon et au large rire, qui me siffle dans les oreilles, avant même que j’aie pu desserrer les crocs :