Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/194

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— Ah ! il y a assez longtemps que nous avons un compte à régler, citoyen Vingtras ! Je vous tiens… et ne vous lâche plus.

Le hasard m’a jeté dans les jambes un mécanicien du quartier avec lequel nous nous sommes pris aux cheveux quelquefois. Il est communiste ; je ne le suis pas.

Oh ! non, il ne me lâche plus ! Et il me force à lui faire un bout de conduite.


Il m’entreprend ; je lui réponds. Mais j’ai l’esprit ailleurs. Malgré moi, j’écoute si dans la brise chaude qui court sur nos têtes, ne résonne pas l’écho des fusillades, et au moment où l’autre me demande carrément quelles sont mes objections contre la propriété collective je songe à Brideau, à Eudes et à Blanqui.

Pourquoi donc s’est-il tu, le tambour du pitre ?


— Vous êtes collé, avouez-le donc ! fait le mécanicien, en choquant gaiement son verre contre le mien. Ah ! Si nous tenions jamais le pouvoir !

Le pouvoir ? Ils sont six là-bas, près du saltimbanque, qui sont en train de s’en emparer !

Mais je ne préviens point le camarade ; je ne me reconnais pas ce droit-là.

Je me contente de lui demander s’il pense qu’un mouvement commandé par des hommes d’attaque entraînerait le peuple contre l’Empire.