Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/204

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— Vous voyez bien que non ! Pas besoin de leur avis, ni de leur permission pour crier : « Vive la République, à bas Napoléon ! »

— Chut ! chut !!! ne soyez pas séditieux !

— Pas séditieux !… moi qui aime tant ça !

— C’est que les représentants doivent nous recevoir sur les marches du Corps législatif, nous donner la consigne. D’ici là, motus !

Toujours des consignes à attendre — comme le diamant du nègre — sous le derrière des états-majors.


Mais croient-ils donc, ceux qui m’entourent, que parce qu’ils ne diront rien, les troupes ou la police les ménageront ? Ils peuvent mettre leur langue dans leur poche, on leur cassera la gueule tout de même, si le pouvoir se sent encore assez solide pour se payer ça.

Hurler « Vive la République ! », camarades, mais c’est plutôt sauvegarder sa peau ! Quand une émeute a un cri de ralliement, un drapeau qui a vu le feu, elle est à mi-chemin du triomphe. Chaque fois que les fusils se trouvent en face d’une idée, ils tremblent dans la main des soldats, qui voient bien que les officiers hésitent, avant de lever leur épée pour commander le massacre.


C’est qu’ils sentent, les porte-épaulettes, que l’Histoire a les yeux sur eux.