Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/253

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Depuis qu’il a l’épaulette, il est devenu un régulier, ce réfractaire ! Il attend peut-être la croix ou le brevet d’officier pour de bon dans l’armée ! Et s’il s’est battu comme un lion, c’est comme un lion qui a assez du jeûne dans le désert, et veut la pâtée de la ménagerie et les bravos de la foule !

Oh ! c’est à se casser la tête contre les murs.

On a attendu en musulman la fin du drame, au milieu des parfums de harengs et des fumées de vin bleu.


Oh ! ce hareng ! mon écharpe le sent. Un drapeau rouge, que l’on a tiré de je ne sais où pour le planter devant mon pupitre, le sent aussi. Ce que nous avons de poudre, ce qui nous reste d’argent, tout a pris l’odeur des barils défoncés dans la cour.

On se croirait dans la rue aux Poissons de Londres, et non pas dans la citadelle des insurgés de La Villette.


1er novembre.

Elle s’est désemplie peu à peu, cette citadelle. Ceux qui sont partis aux nouvelles ne sont pas revenus, soit qu’ils aient été faits prisonniers, soit qu’ils ne veuillent pas rentrer dans ce guêpier signalé à la colère des bataillons bourgeois.

Et nous restons là quelques-uns, sans savoir rien de ce qui se passe dans Paris.


Une dépêche vient d’arriver.