Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/272

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sible ; seulement je vous fiche mon billet que je m’arrangerai pour ne pas les faire !

Être pris en ce moment et coffré, ce serait peut-être la transportation à bref délai, l’enlèvement un soir de révolte au faubourg, et le départ en catimini pour Cayenne — si ce n’était pas tout simplement la mort, sous le coup de pistolet d’un municipal las d’une journée d’émeute, ou même l’exécution en règle contre un mur du chemin de ronde.

Le vent est aux fusillades, et dans la soûlaison du triomphe, pendant la fureur d’une lutte indécise, gare aux prisonniers !…

Il serait dur de disparaître ainsi.


La porte n’est encore qu’entre-bâillée pour ces abattages sommaires — mais, en dehors du néant, la claustration serait déjà trop pesante !

Qui sait si les bruits de la ville parviendraient jusqu’à moi ; si, à travers les barreaux de ma cellule, glisseraient les éclairs de la tempête ? Je ne saurais donc rien ? je n’entendrais rien ?… pendant que se déciderait le sort des nôtres, qu’ils joueraient leur vie et qu’on les décimerait !

Aussi, fera qui voudra son Silvio Pellico : moi, je vais tâcher de leur filer entre les doigts !


Ça ne sera pas difficile.

Nous sommes accusés libres. C’est de nous-mêmes