Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/273

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que nous sommes venus nous offrir à la condamnation. Aussi nous garde-t-on mollement.

Il y a, à ma gauche, une vieille brisque de sergent, droit comme un chêne, avec des moustaches terribles qui, à deux ou trois reprises, ont failli m’éborgner ; il a la tête de plus que moi.

Mais il me regarde — d’en haut — sans colère, et presque avec bonhomie, quoiqu’en mâchant rageusement des bouts de phrases comme s’il chiquait des cailloux.


Le Conseil s’est retiré pour délibérer.

Dans les coins, on jase, on discute. Je n’ai plus que quelques minutes de liberté, peut-être ; j’en vais profiter pour jaser et discuter comme les autres… pour regarder surtout si la porte est ouverte ou fermée.


Vlan ! dans l’œil ! C’est la moustache du voisin qui m’aveugle pour la quatrième fois. Seulement, ce coup-ci, j’ai compris ce qu’il me grognonne aux oreilles depuis un bon quart d’heure.

— Mais, nom de Dieu ! mon garçon, foutez-donc le camp !

— Merci, l’ancien ! On va tâcher.


Le seuil est franchi, me voilà dans la rue. Tout comme à La Villette, je m’éloigne avec nonchalance,