Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/274

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je fais celui qui se promène, puis prends ma course au tournant du premier carrefour.

Et j’ai trouvé asile à deux pas de là, non loin de la prison où je devrais être.


Le lendemain, un camarade que j’ai fait avertir m’apporte le verdict. J’en ai pour six mois, bel et bien — et de cela je me soucie comme d’une guigne !

Mais les soudards de l’état de siège ont, d’un trait de plume, biffé six feuilles socialistes, dont Le Cri du peuple qui en était à son dix-huitième numéro, et qui marchait rudement, le gars !

Le Ferry s’est vengé. Je suis libre, mais mon journal est mort.


Il ne s’est pas vengé que de moi, par malheur ! La clémence du conseil de guerre était une feinte, le 31 octobre vient d’être frappé de la peine capitale : — Blanqui et Flourens sont condamnés à mort.

Tant mieux !… puisqu’ils sont hors d’atteinte.

Dans ma retraite, je ne vois personne et je ne sais rien. Mais je n’en sens pas moins couver l’orage, et je vois l’horizon qui s’obscurcit. Qu’ils lui fassent donc perdre patience, à ce peuple, — et que jaillisse le premier coup de tonnerre !