Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/85

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lois à poignées — de ce sel qui ravive la terre, assainit les blessures, et remet la pourpre dans les plaies ! Paris lui doit, à ce patapouf, un regain de gaieté et d’ironie. Légitimiste, royaliste ? allons donc ! Il est un blagueur de la grande école, et, avec son journal tirant à blanc contre les Tuileries, le premier insurgé de l’Empire.


Girardin aussi.

Il en est du momifié de la Liberté comme du poussah du Figaro. Si l’on casse la glace dans laquelle il a mis refroidir son masque, on trouve de la bonté tapie dans la moue de ses lèvres, et des larmes gelées dans ses yeux froids.

Il n’a pas le loisir d’être sentimenteux, le pâle, ni d’expliquer son dédain de l’humanité, ni pourquoi il a le droit de fouailler, en valets, ceux qui sont gens à se laisser fouailler, les pleutres ! Il n’insulte pas ceux qu’il estime, pas de danger !

Il a donné un coup de couteau dans mon fatras d’illusions, mais il me l’a porté en pleine poitrine.


— C’est parce que je vous ai reconnu courageux, m’a-t-il dit l’autre jour, où, en pleine soirée, il m’a pris le bras, devant tous, et s’est promené avec moi longtemps.

Il s’est arrêté tout d’un coup, et me fixant :

— Vous croyez que je méprise les pauvres, n’est-ce pas ? Non ! Mais je trouve imbécile l’homme au