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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/163

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en avoir les inquiétudes, l’ivresse sans l’étourdissement ; et ce bouton de vie baigné de soleil, de rosée, contient en germe, il est vrai, les courtes joies et les longues douleurs, l’œuf du ver qui doit le mordre et le flétrir ; mais alors ses couleurs sont vives, son enveloppe satinée, et le parfum s’exhale du calice demi-clos…

Qu’elle avait froid, la pauvre âme replongée dans le vide ! quels sifflements étranges se faisaient entendre autour d’elle ! Quels tourbillonnements confus d’âmes qui allaient, venaient, s’agitaient, altérées de la vie, de cette vie hérissée de soucis, de douleurs, mais où luit aussi un splendide rayon d’amour ! et c’est dans ce rayon qu’elles veulent se perdre, s’abîmer.

L’heure fuyait ; le mignon corps de l’enfant se défigurait ; ses bras souples se raidissaient bleuis ; ses lèvres pures, qui n’avaient encore été effleurées que par des lèvres de mère, s’étiraient sous l’effrayant rictus de la mort… et le linceul couvrait ces tristes vestiges, et la main fébrile d’une femme écartait brusquement ce voile funèbre, pour recueillir dans son cœur, pour emporter dans son regard une dernière empreinte de son enfant. Hélas ! ce n’était plus elle, la chère petite vie, s’alimentant de sa vie et lui renvoyant la flamme qu’elle en recevait ; ce n’était plus qu’une misérable esquisse de son enfant, qu’elle seule reconnaissait encore. Et tout le sang de son cœur s’échappait