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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/220

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des débutantes comme les gonfalons de la confrérie ; mais, ainsi qu’à la Bourse, pour une qui réussit, il en est mille qui ont une fin misérable. Elles meurent jeunes pour la plupart ; celles qui résistent à cette vie fatigante se font femmes de ménage, ouvreuses de loges, marchandes à la toilette ; elles tiennent des appartements meublés, où elles recèlent et protégent à haut intérêt de jeunes lorettes à leurs débuts et leur procurent des entreteneurs.

— Ah ! mon Dieu ! dit la jeune femme en serrant son châle sur ses épaules, comme si elle avait froid.

— Que veux-tu, c’est la loi générale ; l’argent gagné facilement s’en va de même ; la réhabilitation de ces femmes n’est possible que dans les livres. C’est Eugène Sue qui a inventé les Fleur de Marie ; il n’en croît point de par le monde.

Ce mari, dans la brutalité de ses révélations, faisait du réalisme réel.

Ce dialogue conjugal, qui me fut rapporté, me remit en mémoire l’épisode oublié de l’une de ces existences flétries.

Voulez-vous que je vous raconte cette histoire ? elle vous semblera bien insignifiante sans doute, tout accommodée… au naturel, comme je vous la servirai.

Elle n’a qu’un mérite, celui d’être vraie ; et, comme tout ce qui est Vrai, elle est simple, sans ma-