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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/219

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pinces de la jalousie qui tenaillent parfois les femmes dans le mariage, n’aimassent-elles que médiocrement leurs maris : peut-être ne sont-elles pas jalouses de l’homme ; mais à tort ou à raison elles sont toujours jalouses de leurs droits, ce qui revient à peu près au même pour la manifestation de cette jalousie, qui flatte le mari tout en l’ennuyant parfois : — Mon ami, dit-elle, tu as dû souvent rencontrer, soit au spectacle, soit dans la rue, quelques-unes de tes anciennes maîtresses, et alors…

— Mais non.

— En vérité ? reprit-elle avec un sourire d’incrédulité.

— Je te l’assure : ces femmes n’ont qu’une saison, leur jeunesse ; on ne les voit jamais vieillir ; quand la quarantaine arrive, elles se cachent sans doute comme les animaux pour mourir ; elles ont au moins la pudeur de leurs rides.

— Que deviennent-elles ?

— Le sais-je ? elles nous ont donné leur printemps, elles nous ont ri de leurs dents de nacre ; une nuit, une semaine, un mois tout au plus, elles ont tortionné leur beau corps dans nos bras ; elles ont passé avec nous des soirées de rire, de folie, d’orgie : c’est tout ce que nous leur demandons ; que nous importe le reste ? Quelques-unes, et celles-là sont rares, épousent leurs entreteneurs ; aussi papillotent-elles aux yeux