Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/102

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le poëte.

Cette rumeur gronda des bouches de l’Oronte
Aux tombeaux de Memphis que le simoun affronte,
Des rochers de Dârfôq jusqu’à la grande mer
Qui boit les eaux du Nil dans son courant amer.
Au moment où ce bruit éclata sur ses ondes
La mer Rouge cria sous ses algues profondes :
« Pour tes glaives d’acier, pour tes chars vêtus d’or,
« Pharaon, dans mon lit j’ai de la place encor. »
Et le désert, avec ses flots de sables jaunes,
Des ruines d’Amoun vint heurter les pylônes,
Disant : « Cambyse est-il ressuscité ? Moi seul
« Je veux, comme autrefois, lui faire son linceul ! »

Alors on entendit mille plaintes étranges
Sortir des oasis qui dorent les oranges,
Des verts roseaux du Nil et des antres glacés
Où dorment dans leur nuit les siècles entassés.
Ibsamboul, sur le seuil de tes cryptes de pierre,
Tes colosses sculptés ouvrirent leur paupière,
Et, le long de tes rocs, que le soleil jaunit,
Brandirent les leviers de leurs bras de granit ;
Et, — tandis qu’entr’ouvrant ses pyramides sombres,