Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/119

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DuIl se tait, et, penchant son front morose et blême,
Il semble interroger l’avenir en lui-même.
Quel verset du Koran passe devant ses yeux
Ou quel ange venu de la terre ou des cieux ?
Un mot mystérieux parfois sort de sa bouche,
Et, du lourd chapelet que tord sa main farouche,
Il laisse entre ses doigts, rempli de visions,
Glisser les grains avec les malédictions.
La peste, du poison sœur terrible, mais pire,
Qui fait souffler la mort dans l’air que l’on respire,
Les embûches, la faim, la soif, les trahisons,
Les meurtres que la nuit couvre de ses cloisons,
Le simoun redouté, les noires épouvantes
Que le désert suscite en ses plaines mouvantes,
Et toutes les horreurs, spectres à vous glacer,
Entre ses doigts fiévreux on croit les voir passer.
Parfois, comme un chasseur, lâchant sa meute sombre,
« Aux chrétiens ! aux chrétiens ! » murmure-t-il dans l’ombre,
Et, du morne horizon parcourant le contour,
Aux quatre points du vent il parle tour à tour.

le vieillard.

Chameliers du désert, fils des plaines torrides,
Où vont vos longs chemins et vos sentiers arides ?
Si c’est vers l’oasis d’Amoun que vous allez,