Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils laissent derrière eux Marra réduit en cendre.
Longeant des deux côtés les pentes du Liban,
Ils somment tour à tour les cités du turban,
Emesse d’une part, de l’autre Maraclée,
Tortose, puis Arka, cette douve cerclée
De six vastes gradins, cerceaux faits de granit.
Beirout, Sidon et Tyr, qu’un même sort unit,
Regardent, par les monts aux pentes escarpées,
Défiler des forêts de lances et d’épées.
Akka tremble d’effroi dans ses remparts marins,
Et le Carmel demande à ses noirs tamarins
Ce que leur dit l’écho de la grotte d’Élie.
La forêt de Sârons d’épouvante est remplie,
Et Joppé de loin crie aux rochers de Ramla :
« Ô ma sœur, cache-toi, car les chrétiens sont là ! »
Emmaüs, qui se dit ville de la victoire,
Les suit des yeux doublant son vaste promontoire,
Puis Rama, du sommet de ses toits dépeuplés,
Devant Jérusalem les voit tous rassemblés…

le vieux de la montagne.

Quoi ! mon frère, ils sont là, dis-tu ? Mais je regarde
Sans cesse, et n’ai pas vu même leur avant-garde…