Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/129

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C’est la France d’abord avec son oriflamme,
Qu’aux premiers rangs toujours la victoire réclame.
Puis viennent les Lorrains, dont les noirs destriers
Ont toujours le poitrail plein de souffles guerriers.
Puis ces fiers Provençaux dont le double délire
Fait chanter à la fois et l’épée et la lyre.
Puis ces héros moitié normands, moitié latins,
Que la mer baptisa dans ses flots tarentins.
Tout le Nord doit les suivre. Eux, rien ne les arrête.
On dirait, à les voir, le vol d’une tempête.
De l’antique Nicée aux monstrueux contours
Ils brisent les remparts et font crouler les tours.
Puis voici la Phrygie et l’âpre Dorylée
Qui leur ouvre à regret sa sanglante vallée.
Puis le vaste désert par ses sables brûlants
Laisse s’acheminer leurs escadrons plus lents,
Sans offrir à la soif de leurs lèvres avides
Que des marais salés et des citernes vides.
Puis l’Oronte les voit, descendus sur ses bords,
De la vieille Antioche essayer les abords,
Pendant six mois aux flancs des murs pleins de tumulte
Faire tonner béliers, baliste et catapulte,
Et dérouler enfin le drapeau de la croix
Sur son château rougi du sang de tant de rois.
La Syrie à son tour au sud les voit descendre.