Pour craindre les lions je crains trop peu les hommes.
Reste au moins jusqu’au jour.
Hélas ! on ne s’arrête aujourd’hui ni demain.
Dis donc de faire halte au nuage qui passe,
Au simoun du désert qui souffle dans l’espace,
Aux feuilles mortes que la bise enlève aux bois,
Au flot que jette au vent l’Océan plein d’abois,
À l’aigle qui parcourt sa zone inaccessible,
À l’éclair qui, prenant quelque globe pour cible,
Jaillit parfois de l’arc du Maître originel ;
Mais ne dis pas : « Arrête ! » au marcheur éternel.
Donc, Hassan, au revoir. Que le Seigneur t’assiste,
Ô vieillard ! Je reprends mon sentier noir et triste.
Où doit-il aboutir ? Je l’ignore, Dieu seul
Sachant où croit le lin qui fera mon linceul.
Et, du ciel, un moment, consultant les étoiles,
L’inconnu, dont les yeux pénètrent tous les voiles,
Leur demande sa route, et dans la vaste nuit